■ Bien-être des médecins :

Gestion du stress et maintien de la santé

Santé des médecins : pensez à vous en premier

Le mode de vie des médecins peut, à bien des égards, avoir un effet délétère sur la santé

Une médecin à l’air fatigué portant un équipement de protection individuelle complet

7 minutes

Publié : septembre 2015 /
Révisé : avril 2022

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

Les médecins ont les connaissances et les compétences nécessaires pour être en bonne santé. Or, il arrive que les soins à leurs patients se fassent au détriment de leur propre bien-être physique et mental. Les milieux médicaux reconnaissent que les médecins donnent leur pleine mesure lorsqu’ils sont en bonne santé, aussi les encouragent-ils à s’occuper d’eux-mêmes et à demander de l’aide au besoin.

Qu’est-ce qui met en danger la santé des médecins?

La nature même de l’exercice de la médecine peut contribuer au stress des médecins. Une journée de travail normale peut être épuisante sur le plan affectif, car les médecins font face à la souffrance, à la peur, à la douleur, à des tragédies et à des décès. Ils peuvent aussi vivre un stress psychologique attribuable à plusieurs facteurs : exigences croissantes imposées par les soins aux patients, manque de ressources, paperasse qui s’accumule, longues heures de travail, horaires surchargés, difficulté à conjuguer travail et vie personnelle, et frustration découlant de la difficulté à concilier les besoins des patients et ceux des organisations de soins de santé. Mentionnons également que la pandémie de COVID-19 a donné lieu à une hausse des consultations en santé mentale chez les médecins.1

En raison de leurs traits de personnalité intrinsèques, les médecins peuvent être portés à négliger leurs propres besoins au chapitre de la santé. Les personnes qui exercent la médecine sont souvent très performantes, indépendantes et autosuffisantes;2 elles peuvent être perfectionnistes et avoir tendance à trop travailler. Ces caractéristiques les amènent à considérer le travail comme une priorité et à reléguer leur propre mieux-être et leur vie personnelle au second plan.

Par ailleurs, la culture de la médecine peut dissuader les médecins de s’occuper de leur santé. Dès le début de leur carrière, les étudiants en médecine et les résidents sont exposés aux longues heures et aux lourdes charges de travail, souvent considérées comme le seul moyen de réussir.3 Les médecins déclarent en outre ressentir de la pression de la part de leurs collègues et des patients : ils sentent qu’ils doivent prouver leur compétence en dégageant une impression de bien-être et de maîtrise de soi inaltérable. Beaucoup hésitent à prendre des congés de maladie ou suffisamment de vacances. D’autres craignent qu’un appel à l’aide soit perçu comme un signe de faiblesse; ils hésitent donc à discuter de leurs problèmes de santé avec des tiers.

Ces facteurs – soit la nature de l’exercice de la médecine, les traits de personnalité des médecins et la culture de la profession – peuvent rendre les médecins vulnérables au stress, à la fatigue, à la dépression, à l’anxiété, aux toxicomanies, à l’épuisement professionnel et à l’invalidité. Ajoutons à cela que les médecins se heurtent aux mêmes sources de stress et difficultés que tout le monde, c’est-à-dire qu’ils peuvent faire face à des problèmes familiaux, financiers ou relationnels, à des défis professionnels ou encore à un isolement social. Tous ces facteurs peuvent miner leur capacité de s’adapter.

Cap sur la prévention

Le soutien des médecins passe de plus en plus par la prise en charge personnelle et la prévention de la maladie, cette approche étant mise de l’avant dès la formation clinique et le passage dans les facultés de médecine. Selon un sondage mené par Médecins résidents du Canada, plus de la moitié des résidents signalent « des symptômes définitifs d’épuisement, allant de l’épuisement physique et émotionnel à se sentir complètement épuisé et ayant besoin d’aide ou d’un changement ».4 Dans bon nombre d’universités et de programmes de formation des résidents, des ressources de promotion du bien-être ont été mises en place; les cursus ont aussi été revus pour aider les étudiants et les résidents à prendre en charge leur santé au quotidien.5

Les associations et les organisations médicales préconisent aussi de bonnes habitudes en matière de santé. Plusieurs programmes provinciaux de promotion de la santé des médecins et d’autres groupes offrent des ressources pour aider les médecins à prendre soin d’eux. Par exemple, le Guide CanMEDS sur la santé des médecins du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada présente aux médecins des conseils particuliers sur le maintien des relations, l’art d’être parent, l’intelligence émotionnelle, la gestion du stress par la conscience de soi, la façon de faire face à un événement indésirable et l’établissement de plans financiers.6 Le site web de l’ACPM présente également des ressources sur le bien-être des médecins pour les aider à exercer en toute sécurité et à réagir adéquatement aux problèmes médico-légaux potentiels.

Le courage de demander de l’aide

Même les médecins qui se débrouillent bien normalement peuvent avoir besoin d’aide à l’occasion. Certains, par exemple, peuvent avoir peine à aller de l’avant parce qu’ils sont dépassés par l’ampleur de leurs tâches quotidiennes ou qu’ils vivent des événements traumatisants au travail ou dans leur vie personnelle. Les médecins doivent tenter d’améliorer leur conscience de soi et reconnaître quand leur santé requiert des soins. Ils doivent examiner les options à leur portée, soit prendre congé, modifier leur façon de travailler ou chercher de l’aide et des conseils à l’extérieur, y compris des traitements.

Les médecins doivent se permettre de demander de l’aide. Ils peuvent par exemple discuter avec un ou une collègue de confiance, un ou une responsable de l’administration de leur établissement, leur partenaire de vie ou de travail, une personne proche, ou encore une conseillère ou un conseiller spirituel. Sinon, ils peuvent aussi communiquer avec le programme local ou provincial de promotion de la santé des médecins, ou encore obtenir un traitement de la part d’un professionnel ou d’une professionnelle : médecin de famille, psychologue, psychiatre ou autre prestataire de soins.

Certains médecins doivent surmonter des obstacles avant de demander de l’aide. Il n’est pas rare qu’ils aient de la difficulté à endosser le rôle du patient ou de la patiente et à s’éloigner de leur travail. D’autres peuvent penser qu’ils surmonteront leurs difficultés avec le temps; par conséquent, ils tarderont à demander de l’aide. Beaucoup doivent surmonter la peur que leurs problèmes deviennent publics, portent atteinte à leur réputation et leur fassent perdre leur permis d’exercer.

Les étudiants en médecine et les résidents doivent eux aussi demander de l’aide lorsqu’ils éprouvent des problèmes de santé physique ou mentale. Ils peuvent communiquer avec le conseiller ou la conseillère de leur faculté de médecine, avec leur décanat ou avec le programme de promotion du bien-être de leur établissement. De nombreux programmes de promotion de la santé des médecins offrent des services expressément destinés aux étudiants et aux résidents.

L’ACPM peut aider, elle aussi

Depuis plus de 100 ans, l’ACPM prête assistance aux médecins qui sont aux prises avec des problèmes médico-légaux. Nous savons que ces difficultés peuvent générer beaucoup de stress, causer du tort à la santé et nuire à la capacité d’exercer des médecins. Des membres nous ont dit que le simple fait d’appeler à l’Association et de parler à un ou une médecin-conseil a allégé leur stress et amélioré leur bien-être. Grâce à l’information et à l’aide qu’ils reçoivent de nos experts et expertes spécialement formés, nos membres réussissent à y voir plus clair.


Références

  1. Myran D, Cantor, N, Rhodes, E et al., « Physician health care visits for mental health and substance use during the COVID-19 pandemic in Ontario, Canada », Journal of the American Medical Association, vol. 5, no 1. Consulté le 25 février 2022 : https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2788289
  2. Wiskar, K., « Physician health: A review of lifestyle behaviors and preventive health care among physicians », British Columbia Medical Journal, 2012, vol. 54, no 8. Consulté le 24 mars 2022 : http://www.bcmj.org/mds-be/physician-health-review-lifestyle-behaviors-and-preventive-health-care-among-physicians
  3. Ibid.
  4. Médecins résidents du Canada, Sondage national de 2020 auprès des résidents – Sommaire des résultats. 2020. Consulté le 25 février 2022 : https://residentdoctors.ca/fr/publications/sondages-nationaux-aupres-des-residents/snr-2020
  5. À titre d’exemple, voir Bien-être des étudiants, Faculté de médecine – Université d’Ottawa, Bureau des services aux étudiants : http://www.med.uottawa.ca/Students/StudentAffairs/fra/bien_etre_bee.html
  6. Puddester, D., Flynn, L., Cohen, J. éditeurs. Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, Guide CanMEDS pour la santé des médecins – Un manuel pratique pour la santé et le mieux-être des médecins. 2009. Consulté le 25 février 2022 : https://www.royalcollege.ca/rcsite/documents/canmeds/physician-health-guide-full-f.pdf

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