■ Bien-être des médecins :

Gestion du stress et maintien de la santé

Résidence et résilience

Trois médecins résidents en train de bavarder

7 minutes

Publié : novembre 2016 /
Révisé : octobre 2023

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

Tous les médecins doivent faire preuve de résilience devant les demandes croissantes des patients et du système de santé, a fortiori pendant leur résidence : à ce stade de leur carrière où ils assument de nouveaux rôles et responsabilités, ils font face à des défis uniques et ne doivent pas négliger leur santé physique et mentale. Mentionnons d’ailleurs qu’avec la pénurie de ressources humaines en santé qui sévit depuis la pandémie de COVID-19, cette réalité est d’autant plus criante chez les médecins – y compris les médecins en résidence. Il n’est pas nécessairement évident de conjuguer apprentissage, soins aux patients, développement des compétences, enseignement et recherche, sans oublier les responsabilités personnelles et familiales. Les résidentes et résidents ont besoin d’habiletés et d’outils pour préserver leur résilience et leur santé.

Résilience

La résilience se définit comme « … la capacité à réagir au stress d’une façon adaptative et saine, de telle sorte que les objectifs personnels sont atteints à un coût minimal sur le plan psychologique et physique ».1 La résilience est la capacité de gérer le stress et les problèmes de la manière la plus positive possible. Dans le contexte des soins de santé, la résilience contribue aussi grandement à la prévention de l’épuisement et de la dépression, et à la prestation de soins sécuritaires aux patients.

Dans son Référentiel de compétences CanMEDS 2015 pour les médecins, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, sous le rôle Professionnel, parle de « [r]ecours au privilège d’autoréglementation, en tenant compte de ses réflexions, comportements, émotions et attention en vue d’un rendement et d’un bien-être optimaux » et de « [r]ésilience pour une pratique médicale durable ».2 Le Collège souligne ainsi l’importance de la santé pour les médecins, et leur obligation de posséder les compétences et habiletés nécessaires pour mener une carrière longue et gratifiante tout en prodiguant des soins médicaux sécuritaires.

Les médecins en résidence sont confrontés à une foule de situations nouvelles : tâches, obligations, gens et environnements. Dans ce contexte, ils doivent accorder une attention particulière à leur santé physique et mentale et se tenir au courant des mesures qu’ils peuvent prendre pour assurer leur bien-être.

Reconnaître les difficultés

Les médecins devraient reconnaître comment et quand la pression leur est préjudiciable, et se doter ensuite de stratégies pour renforcer leur résilience.3 Pour ce faire, ils pourraient devoir réfléchir à leur situation et à leurs réactions au stress, et poser un regard honnête sur leurs pensées, leurs émotions et leur degré de stress. Cette conscience de soi permet aux médecins d’agir proactivement contre les facteurs de stress, les problèmes liés à la charge de travail, le sentiment d’isolement ou d’autres facteurs qui minent la résilience. Certains experts suggèrent la pleine conscience4 et l’auto-observation5 comme moyens de repérer d’éventuels problèmes et de s’engager sur la voie de la résilience.

Accroître la résilience

Pendant sa résidence, chaque médecin a ses propres façons de gérer son stress et d’accroître sa résilience. Parmi les stratégies d’adaptation positives figure notamment le fait de rechercher un soutien social, de maîtriser ses émotions négatives, d’apprendre par l’introspection et d’utiliser les croyances morales pour s’automotiver.5 Maintenir une attitude saine à l’égard du travail, développer la conscience de soi, reconnaître et accepter ses limites personnelles, cultiver des intérêts hors du travail, maintenir des relations personnelles et professionnelles saines et garder un équilibre entre le travail et la vie familiale pourraient être d’autres stratégies de renforcement de la résilience.6 Comme le soulignent Zwack et Schweitzer, « … un ensemble bien diversifié de ressources sociales et de centres d’intérêt, jumelé à des attentes réalistes et à une bonne connaissance de soi, favorisera une adaptation durable ».7

La résilience se définit comme une caractéristique qui est propre à la fois à la personne et à la communauté. Dans cette optique, les médecins devraient envisager d’offrir et d’accepter du soutien. Comme l’autosuffisance est depuis longtemps prônée dans la culture professionnelle des médecins, il peut leur être difficile d’accepter de l’aide ou de collaborer avec d’autres pour résoudre des problèmes.8 La situation est en train de changer. Les résidentes et résidents doivent songer à discuter de leurs problèmes, préoccupations ou défis avec des pairs, des mentors, des membres de la famille ou d’autres professionnels de la santé pour trouver des stratégies d’adaptation et des solutions. Lors de ces échanges, ils doivent toutefois se garder de transmettre des renseignements sur leurs propres patients.

Selon d’autres études, la résilience « s’appliquerait aux équipes et aux organisations, et non seulement aux personnes ».3 Elle peut se développer « … par le biais de la confiance mutuelle et de la force des liens entre les individus, leur permettant de faire face aux difficultés et à l’adversité ».3 Par conséquent, les médecins en résidence gagneraient à explorer comment ils peuvent puiser de la force auprès de leurs collègues et renforcer la résilience de l’équipe soignante. Par exemple, une séance de débreffage après un événement important lié au travail, à un cas clinique ou à la sécurité des patients peut aider tous les prestataires de soins, y compris les résidentes et résidents, à composer avec la situation.

C’est un fait : la résidence clinique est ardue et exigeante. Pourtant, malgré les limites inhérentes à leur travail, les médecins en résidence ne doivent pas oublier de s’efforcer consciemment de prendre soin d’eux-mêmes et de maintenir des liens sociaux hors du travail. Il est à leur avantage de cibler des stratégies de résilience et d’adopter celles qui fonctionnent le mieux dans leur cas. Il peut même être bénéfique d’appliquer certaines notions élémentaires de prévention, comme une bonne alimentation, de l’exercice et du repos. Enfin, les médecins en résidence devraient toujours garder la conviction qu’ils ont les compétences et les capacités requises pour s’adapter à l’adversité et surmonter les obstacles.

Formation sur la résilience

La résilience n’est pas un trait de personnalité qu’on a ou qu’on n’a pas. Elle suppose l’apprentissage et l’acquisition de comportements, de pensées et d’actions. Une formation sur la résilience vise souvent à enseigner les compétences permettant de reconnaître des expériences difficiles, d’y faire face et de s’en remettre efficacement. Une formation sur la résilience fondée sur les compétences peut aider les résidentes et résidents à atténuer le stress, à vaincre l’adversité et à utiliser des outils pour mieux soutenir leurs patients et leurs pairs.

Pour aider les médecins en résidence à acquérir des techniques de résilience, l’organisme Médecins résidents du Canada a élaboré un programme pratique basé sur les compétences qui s’intitule Optimal Self Curriculum (Soi optimal).9 L’objectif du programme est de faire en sorte que les médecins soient plus épanouis, en meilleure santé, capables de jouer un rôle de personne-ressource pour les gens en difficulté et de prodiguer de meilleurs soins aux patients. La Fédération des médecins résidents du Québec offre aussi à ses membres des ressources pour améliorer leur bien-être.10

Obtenir de l’aide

Les résidentes et résidents doivent réfléchir à leur degré de stress et à leur perception de leur résilience, et évaluer s’ils ont besoin d’assistance. Il peut leur être utile de parler à des pairs, à des superviseurs ou à la direction de leur programme universitaire; il peut aussi leur être profitable de chercher du soutien auprès de leur hôpital ou autorité en matière de santé, ou encore de communiquer avec leur association ou fédération. L’Institut canadien pour la santé des médecins propose des ressources pertinentes, tout comme les associations et fédérations médicales provinciales et territoriales. Dans la plupart des régions du Canada, on retrouve des programmes de bien-être des médecins qui sont ouverts aux résidentes et résidents. Mentionnons aussi que les universités prévoient souvent des mécanismes de soutien pour les médecins qui ont du mal à surmonter les difficultés pendant leur résidence. Les ressources en santé communautaire sont une autre option. Chose certaine, les résidentes et résidents ne doivent pas hésiter à demander de l’aide ou à recourir au système de santé pour prendre soin de leur propre santé.

Les membres de l’ACPM peuvent aussi appeler l’Association s’ils ont besoin de conseils ou d’assistance face à un problème médico-légal découlant de leurs activités professionnelles au Canada. Nos médecins-conseils chevronnés connaissent aussi très bien les enjeux relatifs à la santé des médecins; nos membres ne doivent donc pas hésiter à aller chercher écoute et soutien auprès d’eux s’ils vivent de l’incertitude ou des inquiétudes. Ils peuvent également consulter les bonnes pratiques de l’ACPM et la page Soutien et bien-être des médecins sur le site de l’ACPM.


Références

  1. Epstein RM, Krasner MS. Physician resilience: what it means, why it matters, and how to promote it. Acad Med [En ligne]. Mars 2013 [cité le 29 sept. 2023]; 88(3):301-3. Disponible : http://journals.lww.com/academicmedicine/Fulltext/2013/03000/Physician_Resilience___What_It_Means,_Why_It.12.aspx
  2. Frank JR, Snell L, Sherbino J, Boucher A, rédacteurs. Référentiel de compétences CanMEDS 2015 pour les médecins [En ligne]. Ottawa (ON): Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada; 2015 [cité le 21 janvier 2016]. 17 p. Disponible : http://canmeds.royalcollege.ca/uploads/fr/cadre/CanMEDS%202015%20Framework_FR_Reduced.pdf
  3. Mata DA, Ramos MA, Bansal N, Khan R, Guille C, Angelantonio E, Sen S. Prevalence of depression and depressive symptoms among resident physicians: a systematic review and meta-analysis. JAMA. [En ligne]. Décembre 2015 [cité le 24 octobre 2016]; 314(22):2373-83. Disponible : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26647259
  4. Kearney MK, Weininger RB, Vachon ML, Harrison RL, Mount BM. Self-care of physicians caring for patients at the end of life: "Being connected… a key to my survival". JAMA [En ligne]. Mars 2009 [cité le 29 sept. 2023]; 301;11:1155-64. Disponible : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19293416
  5. Howe A, Smajdor A, Stöckl A. Towards an understanding of resilience and its relevance to medical training. Med Educ [En ligne]. Le 16 mars 2012 [cité le 29 sept. 2023]; 46(4):349-56. Disponible : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22429170
  6. Jensen PM, Trollope-Kumar K, Waters H, Everson J. Building physician resilience. Can Fam Physician [En ligne]. Mai 2008 [cité le 29 sept. 2023]; 54(5):722-9. Disponible : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2377221/
  7. Zwack J, Schweitzer J. If every fifth physician is affected by burnout, what about the other four? Resilience strategies of experienced physicians. Acad Med [En ligne]. Mars 2013 [cité le 29 sept. 2023]; 88(3):382-9. Disponible : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23348093
  8. Longnecker R, Zink T, Florence J. Teaching and learning resilience: Building adaptive capacity for rural practice. A report and subsequent analysis of a workshop conducted at the Rural Medical Educators Conference, Savannah, Georgia. Le 18 mai 2010. J Rural Health. Avril 2012; 28;2:122-27.
  9. Domaines d’intérêts – Soi optimal [En ligne]. Ottawa (ON): Médecins résidents du Canada [cité le 29 sept. 2023]. Disponible : https://residentdoctors.ca/fr/domaines-interets/resilience
  10. Soutien au bien-être [En ligne]. Montréal (QC): Fédération des médecins résidents du Québec [cité le 11 oct. 2023]. Disponible : https://fmrq.qc.ca/soutien-au-bien-etre

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins éducatives. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de diligence » à l’intention des professionnels des soins de santé canadiens. L’emploi des ressources éducatives de l’ACPM est sujet à ce qui précède et à la totalité du Contrat d’utilisation de l’ACPM.