Risques médico-légaux : Ce que les médecins de première ligne doivent savoir

Sachez quels sont vos risques – Données par spécialité clinique

Gros plan sur un médecin, d’autres médecins figurant en arrière-plan

5 minutes

Publié : Octobre 2022

L’Association canadienne de protection médicale (ACPM) représente plus de 105 000 médecins et cumule une vaste expérience, comme en témoigne sa base de données de plus de 500 000 dossiers médico-légaux. Parmi ces dossiers figurent des poursuites au civil, des plaintes auprès d’organismes de réglementation (Collèges) et des problèmes intrahospitaliers.

À la fin de l’année 2021, 37 083 membres de l’ACPM étaient des médecins de famille ou des omnipraticiens (codes de travail 35, 73, 78 et 79). En plus d’assurer la prestation de soins primaires, certains de ces médecins (codes de travail 73, 78 et 79) prodiguent des soins spécialisés : chirurgie, anesthésie, obstétrique et quarts de travail au service d’urgence, notamment.

Entre 2016 et 2020, l’ACPM a conclu 6 175 dossiers médico-légaux ayant trait à des médecins de famille prodiguant des soins primaires, c’est-à-dire des services non spécialisés. Le présent rapport décrit les observations issues de ces dossiers médico-légaux (poursuites au civil, plaintes au Collège et problèmes intrahospitaliers).

Quelles sont les plaintes le plus couramment formulées par les personnes traitées? (n = 6 175)1

Évaluation déficiente (37 %), Erreurs de diagnostic (30 %), Comportement non professionnel (25 %), Procédures administratives inadéquates (21 %), Problèmes de communication médecin-patient (19 %), Manquement à faire un test ou une intervention (17 %)

  •   Évaluation déficiente (37 %)
  •   Erreurs de diagnostic (30 %)
  •   Comportement non professionnel (25 %)
  •   Procédures administratives inadéquates (21 %)
  •   Problèmes de communication médecin-patient (19 %)
  •   Manquement à faire un test ou une intervention (17 %)

Les plaintes reflètent le fait que, du point de vue des personnes traitées, un problème est survenu au cours de la prestation des soins. Ces plaintes ne sont pas toujours appuyées par l’opinion d’experts. Il se peut que des experts2 n’aient pas de critiques à formuler quant aux soins prodigués, ou qu’ils émettent des critiques qui ne sont pas en lien avec la plainte.

Les erreurs de diagnostic constituent un enjeu majeur chez les médecins de première ligne. Les sections qui suivent traitent des 1 260 dossiers dans lesquels des experts ont repéré une erreur de diagnostic.

Quels sont les diagnostics erronés les plus fréquents? (n = 1 260)

Problème de santé Diagnostic erroné
  • Cancer gastrointestinal
  • Troubles intestinaux
  • Anémie nutritionnelle
  • Autres troubles de l’appareil digestif
  • Problèmes de dos3
  • Lésions dans la région lombosacrée
  • Troubles des tissus mous
  • Autres problèmes de dos
  • Cancer du sein
  • Tumeur bénigne
  • Troubles des seins
  • Cardiopathie ischémique
  • Troubles de l’appareil digestif
  • Infections des voies respiratoires inférieures
  • Problèmes de dos, troubles nerveux ou troubles articulaires
  • Cancer secondaire ou mal défini
  • Grippe et pneumonie
  • Troubles intestinaux
Le véritable problème de santé peut être confondu avec une multitude d’autres troubles. Pour chacun des problèmes de santé évoqués, aucun diagnostic erroné n’était prédominant.

Quels sont les principaux facteurs associés à un préjudice grave pour la patiente ou le patient? (n = 1 260)4

Facteurs liés aux patients

Avec un diagnostic sous-jacent de :

  • Cardiopathie ischémique
  • Cancer des organes génitaux féminins
  • Maladie artérielle vasculaire, comme l’athérosclérose
  • Carcinome in situ
  • Trouble concomitant à un cancer secondaire

Facteurs liés aux médecins5

  • Manquement à faire un test ou une intervention diagnostiques
  • Manquement à procéder à une demande de consultation, à l’hospitalisation ou au transfert de la patiente ou du patient
  • Surveillance ou suivi inadéquats

Facteurs liés au système5

  • Politique ou procédure administrative inadéquate

Facteurs liés à l’équipe5

  • Mauvaise coordination des soins
  • Transfert inadéquat des soins
  • Problèmes de communication avec d’autres professionnels de la santé

Aide-mémoire pour réduire les risques

Pour atténuer le risque d’erreurs de diagnostic en soins primaires, il y a lieu de gérer les risques comme suit :

  • Lisez tous les éléments clés du dossier médical, y compris les notes plus anciennes et celles qui ont trait aux demandes de consultation. Accordez une attention particulière aux signes vitaux ou physiques anormaux.
  • Pour réduire les biais cognitifs, faites l’effort conscient de distinguer les renseignements qui confirment le diagnostic soupçonné de ceux qui, inversement, ne cadrent pas avec celui-ci.
  • Optimisez vos procédures administratives pour :
    • mettre en relief des résultats anormaux;
    • créer les tâches à accomplir pour communiquer des résultats aux patients;
    • préciser le délai à l’intérieur duquel vous devez communiquer avec les patients qui ont besoin d’un suivi urgent;
    • confirmer que les patients ont reçu les messages leur étant destinés et qu’ils ont pris un rendez-vous de suivi approprié.
  • Lorsque vous communiquez des renseignements importants sur le profil de la patiente ou du patient au cours d’un transfert ou d’une transition de soins (p. ex. sur sa médication, ses allergies et ses volontés, y compris ses directives préalables et ses exemptions spéciales), veillez à suivre une démarche structurée (p. ex. techniques SAER ou I-PASS). Veillez à ce qu’aucun renseignement important ne soit laissé de côté au cours d’un transfert.
  • Pour optimiser les soins, définissez clairement les rôles et responsabilités de chaque membre de votre équipe.

Limites

Les dossiers médico-légaux de l’ACPM ne représentent qu’une petite proportion de l’ensemble des incidents liés à la sécurité des patients. De nombreux facteurs influencent le processus décisionnel menant une personne à intenter une poursuite ou à déposer une plainte, et ces facteurs varient grandement en fonction du contexte. Les dossiers médico-légaux peuvent donc être une précieuse source d’information sur des sujets importants, mais on ne peut les considérer comme représentatifs de l’ensemble des incidents liés à la sécurité des patients.

Maintenant que vous connaissez vos risques…

Limitez vos risques médico-légaux en consultant les ressources éducatives de l’ACPM.

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Écrivez à [email protected]




Notes

  1. Chacun des dossiers pouvait renfermer plus d’une plainte.
  2. Par experts, on entend les médecins qui interprètent les problèmes cliniques, scientifiques ou techniques liés aux soins prodigués et qui émettent une opinion à leur égard. Ces médecins ont habituellement une formation et une expérience semblables à celles de leurs collègues ayant prodigué les soins qu’ils doivent évaluer.
  3. Comptent les troubles du disque lombaire ou de tout autre disque intervertébral accompagnés d’une radiculopathie; les sténoses rachidiennes de la colonne cervicale et lombaire; et le déplacement ou la dégénérescence d’un disque intervertébral.
  4. Un préjudice grave est un préjudice qui cause la mort ou une issue clinique grave chez la patiente ou le patient.
  5. D’après l’opinion d’experts.