Les médecins qui font l’objet d’une enquête ou d’une plainte déposée auprès de leur organisme de réglementation (Collège) disent ressentir de l’anxiété et du stress. L’ensemble des médecins pourraient trouver utile de bien comprendre l’ampleur du stress associé au processus de traitement d’une plainte au Collège, puisque la plupart seront tôt ou tard confronté·es à une telle situation au cours de leur carrière.
Au fil des ans, l’ACPM a mené quelques sondages auprès de membres ayant fait l’objet d’une plainte. Leurs résultats confirment que les membres souffrent systématiquement d’une anxiété considérable, souvent même plus grande que celle vécue dans le cadre d’actions en justice.
Si la plainte progresse à l’étape d’une enquête, les médecins peuvent ressentir un stress encore plus intense, qui se transforme en détresse. Ces sondages révèlent également que ce stress augmente en fonction de la durée de la procédure du Collège, qu’il s’agisse d’une plainte ou d’une enquête.
Un certain nombre de médecins ont du mal à gérer la situation, même lorsque la plainte n’est pas fondée et que le tribunal tranche en leur faveur. D’aucuns s’inquiètent de ce qui pourrait être perçu comme une erreur ou une critique. Des médecins ont l’impression d’être victimes d’une trahison de la part des personnes sous leurs soins qui déposent une plainte. D’autres admettent avoir honte et hésitent à aborder le sujet avec leurs collègues ou même avec des membres de leur famille. Des médecins présentent des troubles du sommeil ou de concentration, alors que d’autres sombrent dans la dépression. Il y en a qui admettent avoir perdu confiance en leurs compétences et leur jugement cliniques, peu importe l’issue de la plainte. D’autres se disent anéanti·es. Un petit nombre envisage d’abandonner la médecine ou de changer de champ d’exercice pour minimiser le risque de plaintes. Pendant que ces médecins ont de la difficulté à se comporter normalement, les membres de leur famille peuvent également souffrir du contrecoup de la situation.
Garder les choses en perspective
Pour gérer leur stress, les médecins doivent comprendre le processus de traitement d’une plainte, placer celle-ci en contexte et garder les choses en perspective. La plupart des médecins font face à au moins une plainte au cours de leur carrière. Il importe de savoir que la plupart de ces plaintes ne donnent pas lieu à des mesures disciplinaires ou sont carrément rejetées.
Les Collèges peuvent relever des lacunes dans la pratique de médecins et voir la plainte comme une occasion de perfectionnement. Certains peuvent demander aux médecins de rédiger un texte sur un sujet particulier dans le cadre d’une activité pédagogique, tandis que d’autres peuvent les inviter à rencontrer leur registraire. Il se peut que des médecins doivent suivre des cours de perfectionnement, par exemple sur la tenue des dossiers ou la communication, surtout si de nombreuses plaintes ont fait ressortir la nécessité d’améliorer leurs interactions avec les personnes sous leurs soins.
Il arrive que certaines plaintes auprès du Collège entraînent une enquête sur la pratique de médecins. Environ 10 % des plaintes ont des conséquences graves : démission ou départ à la retraite, imposition d’une limite à la pratique ou renvoi du dossier devant un comité, ce qui peut entraîner une suspension ou une révocation du permis.
Stratégies d’adaptation
Les médecins doivent se souvenir que leur cas n’est pas isolé : d’autres collègues vivent aussi le stress émotionnel qu’entraîne une plainte au Collège. Il leur faut reconnaître l’importance de prendre soin de leur santé. Voici quelques points à garder en tête.
Analyser le problème objectivement
Le fait d’envisager la situation de manière objective et honnête permet aux médecins de relativiser la plainte. Les médecins qui se font trop de souci au sujet d’un problème sont plus à risque de commettre une erreur dans leur vie professionnelle ou personnelle. Il leur faut donc maintenir une conscience de soi et ne pas trop penser à la plainte, afin de prendre plutôt le temps de se rappeler tout ce qui va bien.
Se traiter soi-même comme on traiterait une personne chère : voilà une règle d’or. Les médecins qui ont commis une erreur doivent chercher à s’accorder la même compassion que celle qu’elles et ils accorderaient à autrui. Il leur faut éviter de se juger. L’important, c’est de tirer des enseignements de ce qui s’est passé et de se tourner vers l’avenir.
Réagir de façon professionnelle en vue de s’améliorer
Prendre conscience du professionnalisme de leur réaction face aux critiques peut amener les médecins à vivre moins de stress. Il est préférable que les médecins se concentrent sur ce qu’elles et ils peuvent retenir de la plainte en ce qui concerne leur pratique, leurs connaissances et leurs compétences cliniques.
Obtenir un soutien personnel
Les médecins n’ont pas à affronter le processus de plainte sans appui. Il leur faut maintenir un réseau et conserver leurs relations avec leurs patient·es, leurs collègues, leur famille et leurs proches.
Consulter des ressources et obtenir une aide professionnelle
Les médecins peuvent trouver bénéfique de consulter leur médecin de famille ou d’avoir recours aux services d’un programme de santé à leur intention. Une liste complète des programmes offerts au Canada est présentée dans la page web de l’ACPM intitulée Soutien et bien-être des médecins. Cette page comprend également une liste de ressources pour demeurer en santé et permet d’accéder facilement à divers articles et vidéos portant sur le bien-être. L’article Comment les Collèges traitent-ils les plaintes et allégations d’inconduite professionnelle? présente des renseignements utiles sur les processus de traitement des plaintes aux Collèges.
L’ACPM est là pour vous
L’ACPM prête généralement assistance aux membres dans le cadre de plaintes auprès des Collèges liées à l’exercice professionnel de la médecine. Une communication immédiate avec l'Association peut souvent atténuer le stress des médecins et contribuer à une résolution satisfaisante.
Lorsque les membres communiquent avec l’ACPM au sujet d’une plainte au Collège, des médecins-conseils possédant une riche expérience des questions médico-légales leur répondent de manière professionnelle et leur offrent un appui, de médecin à médecin.
Les médecins-conseils comprennent l’impact émotionnel des événements médico-légaux chez les médecins. Elles et ils sont là pour écouter les membres en faisant preuve d’empathie, les aider à mettre les plaintes en perspective et leur offrir des conseils pratiques importants pour mieux répondre aux plaintes déposées auprès du Collège. Pour les médecins faisant l’objet d’une plainte, la communication avec les médecins-conseils de l’ACPM constitue une première étape importante pour faire face au stress.
L’ACPM offre, de médecin à médecin, un soutien aux membres qui font face à une plainte auprès du Collège. Elle prête généralement assistance aux membres dans le cadre de plaintes au Collège qui sont liées à l’exercice professionnel de la médecine. Une communication immédiate avec l’Association peut souvent atténuer le stress des médecins et contribuer à une résolution satisfaisante.