■ Sécurité des soins :

Amélioration de la sécurité des patients et réduction des risques

Prévenir le mésusage des opioïdes

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7 minutes

Publié : juin 2015 /
Révisé : septembre 2023

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

Prescrire des opioïdes

S’ils sont importants pour le soulagement de la douleur, les opioïdes sont la classe de médicaments le plus souvent associée à des événements indésirables causant un préjudice. Une approche exhaustive peut contribuer à gérer les risques et comporte généralement les éléments suivants : évaluation rigoureuse des patientes et patients, plan de traitement clair, consentement éclairé, suivi régulier (surveillance de l’efficacité et des effets indésirables), consultation auprès d’autres médecins ou membres des autres professions de la santé, au besoin, tenue des dossiers rigoureuse et respect des lois et règlements en vigueur.1

Pour obtenir de plus amples renseignements sur la prescription appropriée de cette classe de médicaments, les médecins peuvent consulter des lignes directrices de pratique cliniques, comme les Lignes directrices canadiennes relatives à l’utilisation des opioïdes pour le traitement de la douleur chronique non cancéreuse. Outre les lignes directrices, les médecins devraient aussi connaître les normes de pratique et toute autre ressource offerte par leur Collège sur l’utilisation des opioïdes pour la prise en charge de la douleur non cancéreuse.

Parler des analgésiques avec les patientes et patients

Au moment d’instaurer un traitement par des opioïdes ou de reprendre le traitement après une longue période, vous devriez parler aux patientes et patients des indications du traitement, des avantages et des risques de préjudice liés au médicament, des interactions médicamenteuses, des signes et symptômes indiquant une réaction indésirable possible et tout suivi continu pouvant s’avérer nécessaire. Vous pouvez également envisager de signer une entente de traitement par opioïdes dans certains cas.

Il est important de déterminer quelles sont les raisons sous-jacentes pour lesquelles les personnes demandent un analgésique et de s’assurer qu’elles comprennent en quoi consiste le traitement de la douleur chronique. Il peut être difficile de parler à une personne de son mésusage d’opioïdes, surtout dans les cas où un traitement à long terme a été prescrit par d’autres médecins.

Les stratégies suivantes peuvent être utiles pour gérer les attentes et discuter de l’utilisation des médicaments, y compris les opioïdes, avec une patiente ou un patient :

  • Faire preuve d’empathie et reconnaître la souffrance de la personne.
  • Conserver une attitude respectueuse à l’égard de la personne et lui offrir du soutien.
  • Faire preuve de fermeté et de confiance au moment de fournir de l’information, expliquer l’approche choisie à l’égard du traitement de la douleur chronique au moyen des opioïdes et poser des questions simples et ouvertes pour encourager les réponses honnêtes.
  • Communiquer clairement toute politique en matière de prescription d’opioïdes et de renouvellement d’ordonnance.
  • Prévenir la personne de votre intention de communiquer avec les autres professionnelles et professionnels de la santé concernés pour les informer des soins prodigués et obtenir leur autorisation à cet effet.
  • Protéger la confidentialité des renseignements personnels pour que les patientes et patients se sentent à l’aise d’exprimer leurs préoccupations.
  • Consigner au dossier toute discussion et décision thérapeutique et vérifier que les patientes et patients comprennent et acceptent toute lettre d’entente ou tout contrat.

Déceler les comportements de pharmacodépendance

L’évaluation de la douleur représente des défis de taille, non seulement pour les spécialistes de la gestion de la douleur, mais également pour l’ensemble des médecins. Il n’est pas toujours facile de déterminer si l’état d’une personne requiert un traitement par opioïdes.

Les médecins doivent faire preuve de vigilance lorsqu’une personne dit avoir perdu son ordonnance ou son médicament ou demande un opioïde ou une dose en particulier.

Au moment d’examiner une personne qui cherche à obtenir un opioïde, les médecins devraient vérifier dans quelle mesure l’inventaire de la douleur et l’état clinique général de la personne ont changé à la suite du traitement. ll importe d’avoir une bonne compréhension des problèmes antérieurs et actuels de la personne, et de rechercher une cohérence dans les résultats des évaluations physiques et psychologiques (douleur, état fonctionnel). Il peut également être approprié de procéder à des examens, y compris une évaluation du risque de pharmacodépendance.

Une personne qui consulte à plusieurs reprises parce que son état ne s’améliore pas, que ses symptômes s’aggravent ou qu’elle ne réagit pas adéquatement au traitement peut présenter une affection grave insoupçonnée. Les médecins doivent faire preuve d’ouverture d’esprit et envisager tout autre diagnostic possible, y compris ceux qui pourraient mettre la vie de la personne en danger.

Les médecins doivent également tenir compte de leurs réactions émotionnelles, ainsi que de celles des membres de leur équipe, qui peuvent fausser l’évaluation objective de certaines personnes.

Prévenir le détournement de médicaments

L’expression « détournement de médicaments » signifie l’utilisation de médicaments d’ordonnance à des fins non médicales, ou encore le transfert d’un médicament d’une personne à qui il est prescrit à une autre en vue d’une distribution ou d’un usage illégal. Les patientes et patients peuvent détourner les médicaments, que ce soit des opioïdes ou non, pour leur propre utilisation ou encore les vendre ou les donner à des tiers. Les gens peuvent faire du « magasinage d’ordonnances », consulter plusieurs médecins ou commettre une fraude d’ordonnances. Pour obtenir de plus amples renseignements sur ce type de comportements, consultez l’article Que faire si vous soupçonnez une fraude d’ordonnances ou de médicaments?

Il faut savoir que des membres de la famille ou les colocataires peuvent avoir accès au médicament d’une patiente ou d’un patient ou le vendre illégalement. Aussi, il peut être approprié de discuter de l’importance de conserver son médicament dans un endroit sécuritaire et du risque de détournement de médicaments au domicile de la patiente ou du patient.

Les personnes qui font un usage abusif des opioïdes ou qui détournent des médicaments d’ordonnance peuvent se rendre dans des cliniques dans le seul but d’en obtenir. Certaines peuvent prétendre être traitées à l’aide d’opioïdes depuis longtemps et ne plus avoir de médicament ou ne pas être en mesure de voir leur médecin; elles demanderont alors une ordonnance temporaire. Les médecins doivent se rappeler de la responsabilité professionnelle qui leur incombe à l’égard des ordonnances qu’elles ou ils rédigent. Les médecins qui exercent dans une clinique ou un établissement devraient prendre connaissance de toute politique relative aux ordonnances d’opioïdes, car ceci permet une réponse cohérente de la part de l’ensemble des médecins de l’établissement.

Le mésusage répété d’opioïdes peut créer des tensions dans une relation thérapeutique. Selon les circonstances, il se peut que les médecins veuillent mettre fin à cette relation, notamment si la patiente ou le patient persiste à ne pas coopérer ou si le lien de confiance a été brisé. Les médecins devraient être au fait des lignes directrices de leur Collège sur les mesures à prendre pour mettre fin à une relation thérapeutique.


Référence

  1. Toombs, James D., Commonsense opioid risk management in chronic non-cancer pain, Practical Pain Management (2012) Vol.8, No.3.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins éducatives. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de diligence » à l’intention des professionnels des soins de santé canadiens. L’emploi des ressources éducatives de l’ACPM est sujet à ce qui précède et à la totalité du Contrat d’utilisation de l’ACPM.