Risques médico-légaux : chirurgie cardiaque

Sachez quels sont vos risques – Données par spécialité clinique

Maquette en plastique d’un cœur humain sur le bureau d’une ou d’un médecin.

8 minutes

Publié : janvier 2024

À la fin de 2022, l’ACPM comptait 213 spécialistes en chirurgie cardiaque parmi ses membres (code de travail 91). Sur une période de 5 ans (2018-2022)1, 24,3 % des spécialistes en chirurgie cardiaque ont été cités dans un nouveau dossier médico-légal (action en justice ou plainte auprès d’un Collège ou d’un hôpital), et 9,4 % ont été cités dans au moins deux nouveaux dossiers.

En moyenne, 10,4 % des spécialistes en chirurgie cardiaque ont été cités dans un nouveau dossier médico-légal et 0,7 % dans au moins deux nouveaux dossiers médico-légaux pour chacune des années pour cette période.1

Les graphiques ci-dessous présentent une comparaison des tendances observées sur une période de 10 ans dans les dossiers médico-légaux ciblant les spécialistes en chirurgie cardiaque et l’ensemble des autres spécialités chirurgicales.

Quels sont les risques relatifs d’un problème médico-légal en chirurgie cardiaque?

  •  Spécialistes en chirurgie cardiaque, plaintes aux Collèges (n = 95)
  •  Spécialistes en chirurgie cardiaque, actions en justice (n = 80)
  • Toutes les spécialités chirurgicales, plaintes aux Collèges (n = 7 159)
  •   Toutes les spécialités chirurgicales, actions en justice (n = 4 350)

Entre 2013 et 2022, on a observé un taux de plaintes aux Collèges2 considérablement plus faible chez les spécialistes en chirurgie cardiaque (p < 0,0001) que pour l’ensemble des spécialistes en chirurgie.

Comparativement à l’ensemble des spécialités chirurgicales, le taux d’actions en justice observé chez les spécialistes en chirurgie cardiaque présentait davantage de fluctuations. Globalement, ce taux a été considérablement plus faible (p = 0,04) au cours des 10 dernières années.

Les sections suivantes présentent les résultats tirés de 111 dossiers ayant fait l’objet de critiques par des experts, y compris des actions en justice, des plaintes aux Collèges et des plaintes intrahospitalières visant des spécialistes en chirurgie cardiaque, conclus par l’ACPM entre 2013 et 2022.

Quelles sont les plaintes le plus souvent émises par les patients et les critiques le plus couramment formulées par les experts?3 (n = 111)

Issue Allégations des patients (%) Critiques formulées par des experts (%)
Évaluation déficiente 49 10
Erreur de diagnostic 36 12
Surveillance ou suivi inadéquats 34 6
Processus de consentement inadéquat 31 9
Préjudice associé à la prestation de soins de santé 25 22
Manquement à faire un test ou une intervention 20 10
Problèmes de communication médecin-patient 15 4
Connaissances ou compétences insuffisantes 12 5
Défaut d’orienter la personne vers une ou un collègue 9 3
Mauvaise prise de décision en matière de prise en charge 9 2

Les plaintes reflètent le fait que, du point de vue des personnes traitées, un problème est survenu au cours de la prestation des soins. Les plaintes ne sont pas toujours appuyées par l’opinion d’experts. Il arrive que les experts n’aient pas de critiques à formuler quant aux soins prodigués, ou que leurs critiques ne soient pas en lien avec les allégations des patientes ou des patients.

Quelles sont les interventions faisant le plus souvent l’objet de critiques formulées par des experts? (n = 111)

Pontage de l’artère coronaire (45), Remplacement de la valve aortique (19), Réparation de la valve mitrale (8), Implantation d’un défibrillateur cardioverteur ou d’un stimulateur cardiaque (7), Remplacement de la valve mitrale (5)

  •   Pontage de l’artère coronaire (45)
  •   Remplacement de la valve aortique (19)
  •   Réparation de la valve mitrale (8)
  •   Implantation d’un défibrillateur cardioverteur ou d’un stimulateur cardiaque (7)
  •   Remplacement de la valve mitrale (5)

La fréquence des interventions recensées dans les dossiers médico-légaux est, selon toute probabilité, représentative de ce qu’on observe dans la pratique des spécialistes en chirurgie cardiaque; toutefois, elle ne reflète pas nécessairement les interventions à risque élevé.

Critiques formulées par des experts

Période préopératoire

  • Processus de consentement inadéquat

Période intra-opératoire

  • Évaluation déficiente
  • Manquement à faire un test ou une intervention
  • Mauvaise identification de la structure anatomique

Période postopératoire

  • Surveillance ou suivi inadéquats
  • Problèmes de communication entre les médecins
  • Tenue de dossiers inadéquate

Dans les 111 dossiers, 24 personnes ont subi un préjudice consécutif à une intervention. Par exemple :

  • Un chirurgien cardiaque ne demande pas d’imagerie de suivi pour s’assurer que le cathéter péricardique a été correctement mis en place et une infirmière n’assure pas une surveillance adéquate du patient. Par conséquent, celui-ci décède des suites d’une hémorragie causée par une perforation du cœur.
  • Un patient décède après que l’insertion d’un cathéter péricardique a entraîné une hernie et une perforation intestinale pendant le remplacement de la valve aortique. Un collègue expert formule des critiques à l’égard de la consignation inadéquate de la discussion entourant le consentement, surtout en ce qui a trait à l’insertion du cathéter.

De plus, 13 patientes et patients ont fait l’objet d’une erreur de diagnostic. Par exemple :

  • Une chirurgienne cardiaque n’assure pas de suivi après un diagnostic de cancer du poumon établi sur la base d’une radiographie préopératoire. L’hôpital n’a pas mis en place de protocole approprié pour s’assurer que la ou le médecin le plus responsable (MPR) reçoive l’imagerie anormale.
  • La mauvaise interprétation d’une tomodensitométrie fait en sorte qu’une patiente en post-partum subit une intervention chirurgicale inutile pour une dissection aortique. Les échographies transœsophagiennes ne sont pas réalisées dans l’établissement.

Aide-mémoire pour réduire les risques

Les spécialistes en chirurgie cardiaque peuvent gérer les risques comme suit :

Période préopératoire

  • Effectuer une anamnèse appropriée comprenant les comorbidités et les médicaments, et effectuer un examen médical systématique adéquat, y compris les signes vitaux. Y joindre un aperçu de l’état actuel de la personne ainsi que des investigations.
  • Évaluer tout facteur de risque pertinent pour la personne, notamment les comorbidités et l’anamnèse, qui pourrait influer sur sa prise en charge, et envisager une consultation avec une ou un spécialiste au besoin.
  • Les discussions entourant le consentement à une intervention chirurgicale ou autre intervention devraient fournir de l’information complète sur les risques importants, les avantages, les solutions de rechange, les résultats escomptés et les complications possibles attribuables aux maladies préexistantes. Permettre aux patientes et patients (ainsi qu’aux membres de leur famille ou personnes proches aidantes, le cas échéant) de poser des questions. Consigner rigoureusement la discussion dans le dossier médical.

Période peropératoire

  • Prendre en compte les risques de lésions peropératoires à chaque étape des soins chirurgicaux. Prendre les précautions requises pour protéger les structures vitales tels les nerfs et le système vasculaire, et consigner tout effort déployé pour visualiser ou protéger ces structures.
  • Envisager de modifier ses techniques ou de consulter une ou un collègue en cas de problème durant l’intervention chirurgicale.

Période postopératoire

  • Fournir, aux patientes et patients ou personnes proches aidantes (le cas échéant), des instructions préalables au congé exhaustives, verbalement et par écrit, notamment en ce qui a trait aux consignes postopératoires, aux soins de la plaie, aux médicaments, aux soins de suivi, aux signes et symptômes à surveiller, ainsi qu’aux situations qui nécessitent un avis médical. Transmettre des renseignements clairs sur la personne à contacter en cas de complications et le moment où on doit le faire.

Limites

Les nombres qui figurent dans ce rapport sont tirés des données médico-légales de l’ACPM. Les dossiers médico-légaux de l’ACPM ne représentent qu’une petite proportion des incidents liés à la sécurité des patients. De nombreux facteurs peuvent inciter une personne à intenter une poursuite ou à déposer une plainte, et ces facteurs varient grandement en fonction du contexte. Les dossiers médico-légaux peuvent donc être une précieuse source d’information sur des sujets importants, mais on ne peut les considérer comme représentatifs de l’ensemble des incidents liés à la sécurité des patients.

Maintenant que vous connaissez les risques liés à votre travail…

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Notes

  1. En moyenne, un dossier médico-légal est ouvert deux à trois ans après un incident lié à la sécurité d’une ou d’un patient. Ainsi, il est possible qu’un nouveau dossier médico-légal concerne un incident survenu il y a quelques années.
  2. Les médecins ne sont pas tenus de signaler les plaintes au Collège à l’ACPM, et ils le font sur une base volontaire. Par conséquent, ces dossiers ne dressent pas le portrait complet de ce type de dossiers au Canada.
  3. Par experts, on entend les médecins qui interprètent les problèmes cliniques, scientifiques ou techniques liés aux soins prodigués et qui émettent une opinion à leur égard. Ces médecins ont habituellement une formation et une expérience semblables à celles de leurs collègues ayant prodigué les soins qu’ils doivent évaluer.